Un homme souffrant des maux de dos au travail

Soutenons les travailleurs du tertiaire : halte au mal de dos !

Article rédigé par Patrick d’Auvigny paru dans Ergonoma journal n°43 – Avril-Juin 2016

Dure vérité : travailler dans le tertiaire devient l’une des meilleures manières de contracter un mal de dos. Travailler assis provoque des traumatismes progressifs et insidieux. Cela conduit à de graves maladies professionnelles car nous ne bougeons pas assez au bureau voire pas du tout.
L’étude (*) La Boutique du Dos – Opinion Way (voir le magazine Ergonoma n°34) que nous avons conduit en  nov. 2015 a dévoilé des résultats que nous pressentions mais avec des chiffres bien plus élevés que prévus. 76% des français qui travaillent dans les bureaux ont eu mal au dos dans les 12 derniers mois avec un niveau de douleur important puisque la note moyenne se situe à 5,6 sur 10 et 15% d’entre eux ont eu un arrêt de travail avec une moyenne d’AT supérieure à 30 jours.
D’autres études épidémiologiques, menées à travers le monde, démontrent que rester en position assise prolongée augmente les risques de cancer, maladies cardiovasculaires, diabète…

Un tableau assez noir car désormais tous les postes de travail du secteur tertiaire, ceux des cadres comme des employés, sont équipés d’un ordinateur. Ce qui implique sédentarité, postures statiques – voire répétées – de longues heures et ce, tous les jours, des semaines et maintenant avec le recul, des années !
Ce phénomène, à l’échelle temporelle, est relativement récent puisque toutes ces personnes sont équipées d’un ordinateur personnel seulement depuis les années 90. Près de 25 ans déjà et presque trois décennies où les mauvaises postures se sont cumulées au quotidien. Sans compter l’avènement des messageries d’entreprises et autres réseaux sociaux qui diminuent drastiquement toutes les bonnes raisons de se lever pour aller voir son ou sa collègue de bureau. Et quand ils ne sont pas devant un ordinateur, les sièges des salles de réunion (la plupart du temps médiocres et pour des réunions qui s’éternisent souvent) les attendent.
Les chiffres du mal de dos sont dramatiquement élevés et traduisent le faible investissement réalisé par les entreprises pour la prévention et l’ergonomie.
Certains disent :  » Pourquoi investir fortement dans la prévention puisque notre système de santé permet de prendre en charge les maladies professionnelles?  »
Prenons la mesure : 67% des personnes (*) interrogées ont consulté, parfois à plus reprises, un professionnel de santé pour leur mal de dos. Ceci prouve que leur douleur a déclenché plusieurs dizaines de millions de consultations (médecins, kinés, ostéopathes…) prises en charge par la Sécurité Sociale et les mutuelles complémentaires ! Sans tenir compte des maladies graves ayant donné lieu aux AT.
Ceux qui ont mal au dos le savent, c’est aussi de la souffrance et de la démotivation. Ces salariés sont moins impliqués, moins concentrés et osons le dire, moins productifs. Tout le monde est donc perdant : les salariés, les employeurs, les pouvoirs publics, vos cotisations sociales, nos impôts !
Ce qui est assez étonnant, c’est le pourcentage relativement important de salariés (59%) considérant que leur mal de dos est lié à leur mauvaise posture au bureau sans remettre en cause leur matériel. C’est comme si tout le monde avait mal au pied sans jamais remettre en cause leurs chaussures. Un comble !

L’inverse de la position statique, c’est le mouvement. Et puisque les métiers tertiaires sont toujours plus sédentaires, déclarons ouverte l’offensive du 100% mouvement ! Un long chemin à parcourir…
La médecine du travail, qui sensibilise les entreprises et agit auprès des salariés, et l’intervention croissante des professionnels de santé – en parallèle de l’action des CHSCT – font en sorte que la prévention soit prise en compte dans un nombre croissant d’entreprises.
A La Boutique du Dos, nous avons défini – sur les conseils des professionnels de santé, de CHSCT, d’ergonomes et de préventeurs – un quadriptique prioritaire d’aménagement siège/bureau/porte-documents/écran.
Le siège, élément clé du poste de travail, devra maintenir en mouvement l’utilisateur tout au long de la journée avec une tenue de la colonne vertébrale (dossier et assise) optimale. Renforts lombaires et accoudoirs réglables obligatoires pour poser ses bras. Les deux pieds par terre sans repose-pieds.
Un bureau réglé à la bonne hauteur en fonction de la morphologie de l’utilisateur car la hauteur normalisée de 74 cm n’est pas adaptée pour 75% des utilisateurs ! Peu importe sa taille, si le bureau permet de travailler debout… tant mieux ! Mais pendant des laps de temps raisonnables. Il est indispensable d’alterner les positions assis/debout.
Un porte-documents à poser entre le clavier et l’écran. Le clavier au bord du bureau les bras sur les accoudoirs. Surtout éviter de mettre les coudes sur le bureau en repoussant le clavier sur le bureau et de courber le dos vers l’avant.
Un bras support écran pour une inclinaison idéale, sachant que celle-ci doit pouvoir être modifiée plusieurs fois dans la journée selon les postures (et oui il n’y en a pas qu’une !) de l’utilisateur.
Comme les sièges constituent le point central du poste de travail, la sélection de sièges de La Boutique du Dos est reconnue pour être draconienne. Il ne suffit pas d’annoncer qu’un siège est ergonomique : il faut qu’il le soit vraiment !
A La Boutique du Dos, nous avons opté principalement pour deux marques : Herman Miller et RH Sièges qui remplissent pour nous les critères de performances que l’on doit attendre d’un siège : confort, mouvement, tenue posturale, durabilité, recyclabilité.
Notre coup de cœur actuel – en siège de bureau – se porte sur le Mirra 2 d’Herman Miller. Doté de  matériaux et de technologies d’avant-garde, ce siège constitue probablement LE meilleur siège de sa catégorie. Le mécanisme synchrone progressif du Mirra 2 libère et accompagne totalement l’utilisateur dans ses mouvements quel que soit son poids (de 50 à 159 kg) et sa carrure. Ce siège obtient aussi des notes époustouflantes lorsqu’il s’agit de la mesure d’allègement des points de pression. Il est en plus ultra-léger (15,9kg), résolument design et recyclable à 93%.
L’offensive pour le mouvement ne peut s’effectuer sans l’implication et l’adhésion des utilisateurs.
Il faut souvent lutter contre des années de conditionnement, les salariés ayant appris – depuis leur enfance – qu’il fallait se tenir droit comme un i, et sans bouger, sur le bord de leur chaise.
Dans tous les cas, je défie quiconque de rester près de 7 heures  dans cette position sans s’avachir ou se pencher en avant. (6,7 heures (*) c’est le temps que passent les salariés du tertiaire assis devant leur bureau soit quasi la même durée passée à dormir sur notre lit).
Que la posture soit un signe extérieur de prestance et d’idées reçues : « que va dire mon patron, s’il me voit pencher en arrière ? « je ne supporte pas un siège qui bouge, surtout s’il est mal réglé ».
Faut-il faire passer un « permis de s’asseoir » aux salariés travaillant devant un écran ? S’asseoir est un geste naturel et pourtant !
Savez-vous que 72% des salariés (*) ne savent pas que leur siège dispose de réglages et surtout comment le régler ? Compte tenu souvent de la mauvaise qualité des sièges, il faut avouer que cela ne change pas grand-chose !

A La Boutique du Dos, nous pensons que les « formations gestes et postures » ne peuvent se faire – utilement – sans un rééquipement préalable des salariés. Ce serait comme apprendre les principes de la sécurité routière sans que le véhicule soit équipé de freins, ni de ceintures de sécurité !

Apprendre à changer de positions et de postures, c’est bien ! Mais bénéficier d’une technologie (celle du siège de bureau choisi) qui favorise et contrôle le mouvement de manière active – afin de pouvoir s’asseoir et se lever tout en travaillant sur son ordinateur – c’est vraiment mieux !

J’aime à croire que les entreprises, comme les administrations françaises, rattraperont le retard considérable accumulé vis-à-vis de nos voisins européens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suède…) pour qui l’équipement d’un bureau se mesure au bien-être et à la performance des salariés et pas seulement à son prix. Ce n’est pas une génération française mais plusieurs qui aujourd’hui doivent faire face à cet autre défi qu’est le mal de dos ! Comment peut-on accepter qu’un jeune actif scandinave en bonne santé soit mieux équipé sur le plan ergonomique qu’un cadre senior français ayant de sérieux problèmes de dos ?
(*) Étude La Boutique du Dos – Opinion Way réalisée auprès d’un échantillon de 1037 actifs français travaillant dans un bureau.