Interview d’un kinésithérapeute spécialisé en troubles musculosquelettiques
Les troubles musculosquelettiques (TMS) sont aujourd’hui la première cause de maladies professionnelles en France. Ils touchent particulièrement le dos, les épaules, les poignets et les genoux, et concernent aussi bien les actifs en entreprise que les seniors. Pour mieux comprendre leurs causes, leurs traitements et les solutions de prévention, voici les conseils d’un kinésithérapeute spécialisé en TMS et rééducation du dos. Dans cet entretien, il partage son expertise sur les gestes à adopter, les erreurs à éviter et les moyens concrets pour protéger durablement sa santé musculosquelettique.
« Les TMS sont partout autour de nous »
Question : Qu’entend-on exactement par troubles musculosquelettiques ?
Réponse : Les TMS regroupent toutes les affections touchant les muscles, tendons, nerfs et articulations. Cela inclut par exemple la lombalgie, la cervicalgie, les tendinites de l’épaule, le syndrome du canal carpien… Ils apparaissent souvent à cause de gestes répétitifs, de postures contraignantes ou du vieillissement naturel des tissus.
« Le dos est la première victime »
Question : Le dos est-il la zone la plus touchée ?
Réponse : Oui, très largement. Les douleurs lombaires représentent près de 80 % des consultations. Le problème, c’est que notre dos est sollicité en permanence : en position assise, en portant une charge, en dormant sur une literie inadaptée… Sans entretien musculaire et sans bonnes habitudes posturales, les douleurs apparaissent rapidement.
« Le rôle du kinésithérapeute est d’accompagner et d’éduquer »
Question : Comment un kiné prend-il en charge un patient souffrant de TMS ?
Réponse : Mon rôle est double : soulager la douleur et prévenir les récidives. Cela passe par des techniques manuelles (massages, mobilisations, étirements), mais surtout par de l’éducation thérapeutique. Le patient doit comprendre d’où viennent ses douleurs et comment les éviter. Nous travaillons sur des exercices de renforcement, de gainage et sur la correction des gestes du quotidien.
« L’activité physique est indispensable »
Question : Faut-il bouger même quand on a mal au dos ?
Réponse : Absolument. Le pire ennemi du dos, c’est l’inactivité. Bien sûr, il ne s’agit pas de forcer ou de faire du sport intensif en pleine crise, mais de rester mobile. La marche, la natation ou le Pilates sont excellents pour entretenir les muscles posturaux. En kinésithérapie, nous proposons des programmes d’exercices progressifs, adaptés au niveau de douleur.
« L’ergonomie au travail est une priorité »
Question : Que conseillez-vous aux personnes qui travaillent assises toute la journée ?
Réponse : L’ergonomie est essentielle. Un siège adapté avec soutien lombaire, un bureau à la bonne hauteur, un écran bien positionné réduisent considérablement les tensions. Je recommande également de faire des pauses actives toutes les 45 minutes : se lever, s’étirer, marcher quelques pas. Ces micro-pauses évitent que les tensions ne s’accumulent.
« Les seniors doivent adapter leurs habitudes »
Question : Et pour les seniors, quels conseils donnez-vous ?
Réponse : Avec l’âge, les tissus perdent en élasticité et la masse musculaire diminue. Il est donc crucial de garder une activité physique douce mais régulière. Je conseille souvent la marche nordique, la gymnastique douce et les exercices d’équilibre. La literie et le mobilier ergonomique jouent aussi un rôle important : un bon matelas et un fauteuil adapté font une vraie différence.
« Les erreurs les plus fréquentes »
Question : Quelles erreurs voyez-vous le plus souvent chez vos patients ?
Réponse :
- Penser que le repos complet suffit à soigner le dos.
- Reprendre trop vite une activité intense après une période douloureuse.
- Négliger l’importance des abdominaux et du gainage profond.
- Utiliser du mobilier inadapté (chaise trop basse, oreiller plat…).
- Ne pas consulter assez tôt : plus on agit vite, plus la récupération est facile.
« La prévention est la clé »
Question : Que diriez-vous en conclusion ?
Réponse : La meilleure stratégie reste la prévention. Entretenir sa musculature, respecter les principes d’ergonomie et rester actif sont les piliers d’un dos en bonne santé. Et si la douleur persiste, il ne faut pas attendre : consulter un professionnel permet d’éviter la chronicité.
Conclusion
Cet entretien met en lumière un point essentiel : la santé du dos et des articulations dépend autant de nos habitudes quotidiennes que de la prise en charge médicale. Grâce aux conseils d’un kinésithérapeute spécialisé, chacun peut apprendre à protéger son dos et limiter l’impact des TMS, que ce soit au travail, à la maison ou lors des loisirs.
